#7 – Janvier / January 2025
Lénaïg Cariou
Exercices d’impermanence
il reste peu de choses
les situations sont de plus en plus virtuelles
des exercices d’impermanence
tu avances dans la rue et tu traces sur les façades la pieuvre à 8 branches de la jalousie
il s’agit de creuser toujours plus profond
[quelque chose] résiste-t-il au questionnement ?
la chaîne des métamorphoses a-t-elle une fin ? trace-t-elle un cercle ouvert qui nous mène quelque part ?
toujours, reconstruire un sol, un dessous
découvrir, redécouvrir des cavités oubliées, d’indiscernables diastoles
elle dit : « je ne peux pas m’arrêter de vivre »
tu repousses les parois invisibles qui chaque jour t’écrasent
les deux cornes du dragon forment un huit sans cesse recommencé
rien à signaler
un ‘remède pour utopie intersubjective généralisée’
l’incarnation d’un personnage détestable
un croc-top légèrement transparent
/ courir jusqu’à mourir, recommencer /
FLINTA, oder
comment dialoguer avec les voix qui se sont tues ?
comment sortir du labyrinthe ?
comment ne pas s’enfermer toi-même à double-triple tour ?
les liens sont fragiles, certains plus que d’autres
mettre un ciré et regarder la pluie tomber sur la mer
j’explore toujours plus loin l’art de l’auto-sabotage
tu roules sur un vélo rouillé pour mieux comprendre le temps du deuil
« une image peut-être vraie » hence ça n’est pas une évidence
y a-t-il des évidences ?
y a-t-il autre chose que des évidences ?
d’où vient le sentiment de la dissymétrie ?
y a-t-il quelque chose comme la compassion ?
« je peux voir votre visage », c’est tout
on a beau essayer, ça s’arrête là
les droites sont-elles parallèles à la terre ?
si on lit le passé dans le ciel, faut-il creuser pour déterrer l’avenir
tu comptes un à un les fils de couleur sur la gorge d’Antigone
c’est une histoire de mots
les hommes manipulent des machines qui découpent les chairs
une armée de petits robots
(chacun cherche son corps)
« il existe un refuge », ce jour-là je comprends
décharger à toute heure un trop plein de torsions intérieures
tu parcours des kilomètres de rails pour retrouver de petits rectangles frangés en noir et blanc
écrira-t-on une histoire de la timidité ?
dans les rêves quelque chose s’infiltre, pullule
des souffleuses de Madagascar, des punaises et tout ce que cela implique
les mains, bien plus éphémères que les bâtiments
pourquoi chercher ce qui ressemble ?
s’entourer de livres vides ?
« le rire : politesse du désespoir »
Keine Ahnung
tu construis un barrage à pensées parasites, comme pour [mettre sur pause]
Quimiac, 2024